Sandales taïwanaises : l’efficacité avant tout
Lors d’un séjour à Taïwan, île chaude et humide, il convient de porter des sandales bleues et blanches. De plastique, elles sont légères, solides et bon marché. C’est un produit qui apparut pour la première fois à l’époque où le gouvernement nationaliste arriva à Taïwan. Après avoir perdu la guerre civile contre les communistes chinois, les troupes de Chiang Kai-chek se retirèrent et s’installèrent sur la petite île de Taïwan. À cette époque, les Taïwanais n’étaient pas aussi aisés qu’aujourd’hui et la plupart d’entre eux marchaient pieds nus. Aussi le département de la défense demanda-t-il à une usine militaire de fabriquer des chaussures qui conviennent à la vie quotidienne. Un modèle rudimentaire vit le jour qui ne comportait qu’une semelle et une lanière. Il faudra attendre les années 60, date à laquelle l’industrie pétrochimique se développa à Taïwan, pour que les sandales bleues et blanches prennent la forme qu’on leur connaît aujourd’hui.
A l’origine, il s’agissait de chaussures essentiel-lement portées par la classe moyenne. Sous la dictature de Chiang Kai-chek, la politique était en faveur des Chinois qui avaient démenagé avec leurs troupes. Les Taïwanais d’origine, qui formaient l’essentiel des classes modestes, n’avaient qu’un accès limité aux biens de consommation. Diligents et économes, ils menaient une vie modeste. Dans la vie quotidienne, ils privilégiaent toujours l’efficacité. Des sandales de plastique répondaient donc parfaitement à leur exigence.
À la fin du XIXe siècle, les Taïwanais commencèrent à récupérer leur ascendant politique. Dans un mouvement de revendication de l’identité taïwanaise, ces chaussures furent perçues comme un symbole de l’authentique esprit taïwanais. Au-delà de son utilisation formelle, c’est un objet emblématique de ruralité et de liberté que les jeunes portent aujourd’hui avec fierté. Il existe même des porte-clés et des accessoires pour iphone qui en imitent la forme. Les fameuses sandales bicolores sont un peu à Taïwan ce que les sabots sont aux Pays-Bas ou les espadrilles à la France.